Les attentats gâchent le Black Friday à la française

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Après avoir tenté d’importer la fête d’Halloween en France avec plus ou moins de succès, le commerce français entend convertir l’Hexagone au « Black Friday », un autre concept typiquement américain qui se déroule au lendemain de Thanksgiving et marque l’envoi des achats de fin d’année. Jusqu’ici, ce sont principalement les sites Internet qui se sont lancés avec des promotions massives et des rabais allant jusqu’à -70% sur certains produits. En 2015, la grande distribution avait emboîté le pas dans son ensemble, avec à la clé des lave-vaisselle, ordinateurs portables, cafetières, matelas ou jeans à prix cassé.

Hélas, depuis les attentats du vendredi 13 décembre, l’appellation Black Friday a pris un sens tragique impossible à exploiter commercialement. Pas question pour autant de renoncer aux promotions, censées booster les ventes dans un contexte déjà tendu. « Les adhérents E.Leclerc ont pensé, comme moi, que certains de nos concitoyens pouvaient être choqués par l’utilisation cette expression », explique ainsi Michel Edouard Leclerc, le président des centres du même nom sur son blog. Même topo chez Auchan, Carrefour et toutes les autres enseignes qui ont rayé le mot de leur discours commercial. Le problème, c’est qu’aucune coordination n’a eu lieu entre elles. Auchan a par exemple gardé l’origine américaine en renommant l’opération « Crazy Weekend ». Chez Leclerc, le Black Friday est devenu « Les jours à prix fous », ou chez Casino « Les jours exceptionnels ». Boulanger s’est contenté du service minimum avec son « B-Friday ». Histoire de compliquer encore un peu, Carrefour a choisi deux noms différents, « Les jours discount » dans ses 220 hypers, et les « Magic Days » pour les produits vendus sur son site Internet. Les sites e-commerce ont eux aussi chacun adopté leur propre appellation : la « Cyber Week » pour Amazon, « Le Grand Week-end » pour LaRedoute, etc. De quoi désorienter complètement les clients, déjà peu accoutumés à la tradition. Selon un sondage Toluna/LSA publié le 9 novembre – donc avant les attentats – 25% des Français ne connaissaient pas le Black Friday.

Autre difficulté, les délais très étroits pour modifier toutes les publicités. Sur les sites Internet pas de problème. Mais en affichage ou dans les médias c’est une autre affaire. Leclerc a fait retirer en catastrophe toutes les publicités à paraître dans les magazines et sur les radios et seules deux publications (Femme Actuelle et Maxi) n’ont pas pu être changées. Dans tous les magasins, la PLV déjà prête a due être envoyée à la poubelle. Les supermarchés Match ont distribué un catalogue non modifié dans les boîtes aux lettres des clients. Gros bug aussi pour Auchan qui a envoyé en masse un prospectus grand format « Black Friday » sur fond violet. Un deuxième couac pour le groupe près la mésencontreuse promotion « Les jours explosifs » de Simply Market, qui s’est retrouvée en plein milieu de la vague d’attentats et qui n’a pas manqué de faire réagir sur Twitter.

Impossible de déterminer quel sera l’impact de ce grand cafouillage. L’an dernier, les Français avaient dépensé 144 millions d’euros chez les cybermarchands français.




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